
Les médias sociaux à la rescousse des petites organisations
Impossible de le nier : le monde se numérise. Les technologies numériques sont omniprésentes. Les organisations doivent les adopter si elles veulent faire le saut dans l’ère numérique et survivre. Plus facile à dire qu’à faire, surtout pour les petites organisations ! Et si les médias sociaux offraient une piste de solution ?
La transformation numérique est une stratégie incontournable pour les organisations qui souhaitent rester compétitives. Voilà un défi de taille pour les petites organisations, qui ont moins d’argent à dédier au projet et plus de difficulté à recruter des experts qualifiés pour piloter la transformation. Or, l’implantation de médias sociaux d’entreprise, abordables et intuitifs, seraient une piste de solution… si certaines conditions sont d’abord mises en place.
Leandro Feitosa Jorge, doctorant de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, a exploré le potentiel que représentent les médias sociaux d’entreprise comme soutien à la transformation numérique des petites organisations. Cet outil permettrait aux employés de communiquer, de collaborer, d’innover et de gagner en autonomie. Une organisation partenaire lui a ouvert ses portes et lui a permis d’observer et d’évaluer un projet d’implantation de médias sociaux d’entreprise.
Sa recherche démontre que l’engagement des dirigeants dans l’implantation et l’utilisation des médias sociaux, la présence d’une culture organisationnelle qui valorise la collaboration et la mise sur pied de lignes directrices claires qui définissent leur bon usage en favorisent l’adoption par les employés.
Facile, abordable… mais est-ce utile ?
Les médias sociaux sont très faciles à utiliser. La plupart des employés d’une organisation ont un ou plusieurs comptes personnels sur divers réseaux et savent bien utiliser ces plateformes. Cette technologie est également disponible à faible coût. Cela ne garantit toutefois pas son adoption dans un contexte organisationnel! La recherche démontre que les personnes consacreront du temps de travail à l’utilisation d’un média social d’entreprise seulement s’ils y voient un avantage professionnel. Est-ce que cela les aidera dans la réalisation de leurs tâches? Ou est-ce que ce sera plutôt un fardeau supplémentaire? La culture organisationnelle aura un impact décisif : si les employés se sentent en confiance et à l’aise d’exprimer leurs idées et leurs opinions, l’adoption de cette technologie sera facilitée. En revanche, s’ils ont l’habitude de travailler en silos et que l’organisation ne valorise pas les initiatives qui rassemblent différentes expertises, les médias sociaux d’entreprise sont peu susceptibles d’être adoptés et utilisés de manière efficace.
COVID-19, un catalyseur inespéré
Mars 2020 : une pandémie frappe le monde de plein fouet. Les employés sont contraints de rester à la maison; les organisations doivent se réinventer rapidement. Cet événement à première vue catastrophique a un effet inespéré : il sert de catalyseur vers la transformation numérique des organisations. Des initiatives de mise en place de médias sociaux d’entreprise voient le jour rapidement, et on constate une adoption massive de cette technologie et une utilisation soutenue dans le temps. Selon un répondant à l’enquête, « les médias sociaux d’entreprise ne sont pas un vecteur de changement; ils sont un outil qui permet de survivre au vecteur de changement qu’a été la COVID. »
Pour les petites organisations qui souhaitent entreprendre le virage numérique, la mise en place de médias sociaux d’entreprise seraient un bon point de départ. Ces technologies sont un outil d’une valeur inestimable pour préserver et transmettre le savoir de l’organisation. Plus encore, elles peuvent modifier les structures de pouvoir au sein d’une organisation, faire émerger de nouvelles stratégies organisationnelles, et même avoir un impact sur la gestion de conflit. Pour ces raisons, plusieurs gestionnaires de petites organisations pourraient donner un like aux médias sociaux d’entreprise.

Leandro Feitosa Jorge est doctorant à l'École de gestion de l'Université de Sherbrooke, sous la supervision des professeurs Elaine Mosconi et Luis Antonio De Santa-Eulalia